Cela fait plusieurs mois qu’on évoque la tenue d’un dialogue national censé sortir le pays de cette situation de crise. Initiative de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et solution proposée par la majorité des partis politiques, le dialogue national devient lui-même une source de tension dans un paysage politique hautement tendu. Pour Ghazi Chaouachi, secrétaire général du Courant démocratique, c’est la seule solution pour éviter le pire.
La Tunisie ne cesse de s’enfoncer dans une crise politique inédite dans son histoire. Alors qu’au début, nous avons pensé à un simple conflit politique entre les différents protagonistes, actuellement on évoque une crise institutionnelle qui frappe l’Etat au plus haut niveau. Divergence sur tous les plans entre les trois présidences, crise sanitaire partie pour durer, situation économique déplorable, la Tunisie n’a jamais connu de telles circonstances même pendant les jours de la révolution.
Face à cette situation, l’initiative du dialogue national semblait donner une lueur d’espoir sauf que quelques mois après, on s’aperçoit qu’elle est devenue elle-même une source de tension. Que faire ? Qui est responsable d’une telle situation ? Comment sortir de cette crise qui menace la souveraineté économique du pays ? Tant de questions restées sans réponse, alors que le gouvernement gère la situation au jour le jour.
Le secrétaire général du Courant démocratique, Ghazi Chaouachi, est catégorique face à ce constat. La Tunisie est en proie à une crise institutionnelle dangereuse et qui pourrait se transformer en guerre civile, explique-t-il. Dans une déclaration à La Presse, Chaouachi estime que le dialogue est la seule solution pour faire sortir le pays de la crise qui menace l’unité de la Tunisie. Selon ses dires, tous les protagonistes sont responsables à des degrés différents tant que le dialogue national peine à avoir lieu.
Evoquant en effet l’initiative du dialogue national, le premier responsable d’Attayar rappelle que son parti était le premier à appeler à l’organisation d’un dialogue national, même avant l’Ugtt, estimant qu’ actuellement, certains sont en train d’entraver ce processus, voulant que la crise perdure.
«Seul le dialogue pourrait faire sortir la Tunisie de cette crise, nous sommes face à une situation très difficile, on risque même la guerre civile et l’effondrement de l’Etat, en l’absence de dialogue. Prenons le cas de la Libye, après dix ans de guerre, ils sont parvenus à trouver un consensus», a-t-il noté, insistant sur le fait que la crise est devenue de nature institutionnelle.
Quel avenir pour le gouvernement Mechichi ?
Pour Ghazi Chaouachi, le dialogue national aura pour principal objectif de trouver une issue à la crise politique. Cela passe, selon ses dires, par la chute du gouvernement Mechichi. «C’est un gouvernement sans vision, c’est un gouvernement fini, nous devons penser à l’après-Hichem Mechichi car nous ne pouvons pas laisser le pays dans une situation de vide», a-t-il encore ajouté.
Notre interlocuteur insiste sur le fait qu’en Tunisie, personne n’est actuellement assez fort pour présenter une solution à cette crise, même le président de la République. «Kaïs Saïed a fait face à l’engouement de la troïka au pouvoir, mais malheureusement, il n’est pas en train de jouer son rôle comme fédérateur et initiateur de solution», a-t-il conclu.
Que veut Kaïs Saïed ?
Cela fait plusieurs mois qu’on évoque la tenue d’un dialogue national censé sortir le pays de cette situation de crise. Initiative de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et solution proposée par la majorité des partis politiques, le dialogue national devient lui-même une source de tension dans un paysage politique hautement tendu.
La principale cause: une divergence de points de vue entre la Centrale syndicale et le Président de la République, Kaïs Saïed, qui a, dès le départ, multiplié les conditions sine qua non pour superviser ce dialogue jusqu’à ce que l’Ugtt commence à évoquer de nouveaux processus et issues pour cette crise.
La dernière fois que le Président de la République s’est prononcé sur cette question remonte à plusieurs semaines lorsqu’il a réitéré sa prédisposition à superviser ce dialogue à condition d’exclure les parties corrompues et de faire impliquer les jeunes. Des conditions qualifiées comme difficiles par plusieurs protagonistes, dont notamment l’Ugtt, qui a appelé à plus de flexibilité dans la position du Président.
Actuellement, cette initiative est au point mort, elle ne semble pas être une priorité pour le Chef de l’Etat qui se penche actuellement sur la promotion de la diplomatie tunisienne notamment dans le dossier libyen. Sauf que pour différents observateurs de la scène nationale, la Tunisie n’est pas en mesure de rester encore plus longtemps dans ces conditions de blocage et de crise interminable.